Ces derniers jours mon compagnon de voyages cyclistes, d'entrepreneuriat et de découvertes locales, est de passage sur Montpellier. Ryan Matthews, de Cross That Continent, m'a alors suivi dans mes déplacements et aventures permaculturelles.
Investie dans des associations et actions locales, je devais participer à la réunion du Conseil d'Administration de Humus Pays d'Oc, et, COVID-19 oblige, à la réunion de crise du Perm'ACTE : la première université printanière de permaculture dans le sud de la France.
De passage à Saint-Guilhem-le-Désert pour rendre une visite impromptue à mon partenaire et ami apiculteur, et pour rencontrer un nouveau brasseur local, Ryan décide alors d'envoyer une carte postale à sa famille aux USA.
J'y lis "je découvre la permaculture, une technique agricole".
En tant que permacultrice, je n'ai pu que bondir !
Accompagné d'un sourire, voici un stylo rouge tendu vers moi. J'ai alors corrigé le mini récit de Ryan et y ai inscrit des adjectifs ici et là, "holistique", "humain"...
Je vais donc me permettre de briser quelques idées reçues.
La permaculture :
n'est pas qu'une méthode de jardinage
n'est pas qu'un truc de bobo écolo ou d'hippies chevelus
n'est pas qu'une forme de production agricole
n'est pas une utopie et encore moins un dogme
On peut définir la permaculture de différentes façons, la plus simple et la plus courte : "c'est du bon sens "! affirmait Francisco, un des bénévoles lors de mon Cours Certifié en Permaculture en 2018.
Ma définition ?
C'est une méthodologie de conception design basée sur le biomimétisme, qui est applicable à n'importe quel environnement. On y joue des complémentarités et des forces des éléments qui le constituent, en vue d'en créer un environnement équilibré et durable.
Cet environnement peut être agricole, ce qui est le domaine le plus connu aujourd'hui, puisque qu'il est facilement identifiable dans la production alimentaire ou dans le potager de Mme/Mr tout le monde.
Mais ce n'est pas tout !
La permaculture peut être plus globalement appliquée à 7 domaines :
l'entretien de la nature et de la terre,
la santé et le bien-être,
la construction et l'habitat,
l'économie et la finance,
le foncier et la gouvernance,
l'éducation et la culture,
les outils et la technologie
Le tout étant fondé sur 3 valeurs et 12 principes déterminés par Bill Mollison et David Holmgren, fondateurs de ce concept :
Prendre soin de la nature
Prendre soin de l'humain
Partager les ressources équitablement
Et bien que Bill Mollison ait établi une longue liste de principes d'application de cette méthodologie, David Holmgren les a résumés en une douzaine :
Observer et interagir "La beauté est dans les yeux de celui qui regarde" disait Saint-Exupéry. Effectivement lorsque l'on prend le temps imparti pour observer et s'impliquer avec la nature, il est possible de concevoir des solutions adaptées à n'importe quelle situation.
Collecter et stocker l'énergie En créant des systèmes durables qui permettent la collecte de ressources pendant les périodes d'abondance, celles-ci peuvent être utilisées pendant les pénuries.
Créer une production À chaque étape de travail effectuée, il faut optimiser les efforts pour obtenir une production et des résultats utiles.
Appliquer l'auto-régulation et accepter la rétroaction Pour assurer la continuité et durabilité des systèmes, on dissuade les activités néfastes.
Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables En optimisant l'abondance des ressources naturelles, nous pouvons atténuer nos comportements de consommation et notre dépendance aux ressources non-renouvelables.
Ne pas produire de déchets Rien n'est jeté, toutes les ressources disponibles sont utilisées et valorisées.
Partir des structures d'ensemble pour arriver au détail "C'est l'arbre qui cache la forêt"... Prendre du recul permet d'observer des motifs et structures présents dans la nature et dans la société. Ces derniers forment l'ossature de la conception design, qui sera rempli au fur et à mesure avec des détails.
Intégrer plutôt que séparer En ayant les bons éléments aux bons endroits, les relations entre chaque élément peuvent se créer et se renforcer mutuellement.
Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience Les efforts d'entretien sont réduits lorsque l'on favorise des systèmes lents et à petite échelle, car les ressources locales sont mieux utilisées et les résultats en sont plus durables.
10. Utiliser et valoriser la diversité En encourageant la diversité, on est moins vulnérable vis-à-vis
de nombreuses menaces et on met à profit la nature unique de
l'environnement donné.
11. Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure C'est aux interfaces que se produisent les phénomènes les plus
intéressants, qui sont souvent les plus enrichissants, les plus
diversifiés et les plus productifs dans un système.
12. Utiliser le changement et y réagir de manière créative En observant attentivement et en intervenant au bon moment, on
peut avoir une influence bénéfique sur des changements
inévitables.
Mais concrètement, comment j'applique la permaculture ?
Au milieu de mes engagements allant de Montpellier à l'Europe, je suis investie dans une forêt comestible sur la métropole, et voici ci-dessus mon humble contribution dans le processus de construction de notre poulailler :)
Après une dizaine d'années dans le BTP, principalement à Londres, aujourd'hui je regarde cet exercice avec un oeil frais et nouveau.
Je vois que la vie, au sens large du terme, est fondée sur un design naturel incroyablement bien conçu. Et en tant qu'humain, il n'est pas nécessaire de réinventer le fil à couper le beurre, quand les principes de bons sens de la permaculture peuvent effectivement être appliqués à tout ce qui nous entoure.
C'est pour cela que les valeurs de la permaculture et certains des principes sont naturellement apparus comme une évidence lors du développement de Perma Social Club, la première agence permaculturelle de France.
S'incrire dans le tourisme durable comme une alternative au tourisme de masse ? Oui, mais comment ?
Le tourisme concerne notre temps libre, l'habitat, le transport, la nourriture, nos actions... ces éléments sont présents dans la vie de chacun d'entre nous.
Alors pourquoi ne pas créer un espace où l'on valorise et soutient les acteurs éthiques de l'écosystème local et touristique ?
Pourquoi ne pas se démarquer en soutenant ma communauté en ayant un impact positif et y valorisant la diversité déjà présente ?
...
Tant de réflexions, qui me mènent aujourd'hui à vous inviter dans des voyages humains et écoresponsables, qui contribuent à l'économie locale et valorisent les acteurs du tourisme et producteurs locaux appliquant les valeurs de la permaculture.
Je vous souhaite donc un bon voyage permaculturel !
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